Chapoullié Blog

Le livre qui ne voulait pas s'effacer

Tag: Un Long Chemin Vers la Liberté

9. L’horloger de Cradock

Voyager c’est bon. Être libre d’aller ou le vent me pousse, c’est envoûtant.
Ce pays met souvent en colère, tant les injustices sociales sont insupportables, jusqu’à pouvoir ressembler à de la cruauté. Heureusement, aller là ou on ne va pas habituellement, par peur, conformisme, obéissance, libère de cette colère.
Un jour sur un de mes carnets, j’ai écris : de la gentillesse au delà de la raison !

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C’est si vrai. Et étonnant.
Ce qui est captivant et si surprenant aussi, c’est cette sensation de voyage dans le passé, quasi filmique. Comme si on naviguait dans des clichés cinématographiques.
Surprenant d’avoir la sensation de se retrouver comme transplanté aux États-Unis, particulièrement les états du Sud, Alabama, Arizona, Mississippi, Louisiane… mais il y aurait 50 ans de là, avant les droits civiques.

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Mississippi ou j’avais fait peu de temps auparavant un reportage dans le pays du blues, et ou chaque bourgade ou ville traversée annonçait ses taux de criminalité, et donc son classement national, avec une quasi fierté résignée. Je retrouverais beaucoup de similitudes entre les deux pays durant mes séjours.
Alors dans un western, même austral, il faut un cow-boy.

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Horloger, armurier, fêtes de Noël, à Cradock, Eastern Cape.

8. Allo le monde, résistons.

Barrydale, Little Karoo.

Je pointe au hasard des étapes sur la carte. Des petits bourgs aux noms presque encore des prénoms, Barrydale, Ladismith, ou qui parlent d’eau, Matjesrivier, Warmwaterberg…
Les routes passent des cols âpres, parfois vertigineux, et déboulent sur des plaines immenses, bordées de montagnes bleues.
Ces paysages sont violents, puissants. On s’y sent fragile, en même temps relié à la terre.

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Je ressens mieux comment toutes ces communautés, toutes venues d’ailleurs puisque les seuls natifs ont été balayés dès les premiers temps de la colonisation, ont pu s’y sentir si vulnérables et pourtant inexorablement attachées. Ici, tout le monde est venu d’ailleurs, et pourtant on éprouve la sensation d’une peinture millénaire.
J’ai retrouvé ces émotions en lisant Mandela, qui raconte avoir traversé seul en voiture, clandestinement, le pays de Soweto au Cap, et d’avoir ressenti l’exaltation de l’appartenance à cette terre, à sa puissance et à sa beauté, en osmose avec elle. Inévitablement, en danger, seul au volant d’une voiture, noir, il savait que dans peu de temps, il risquait fort d’être interdit de cette contemplation . Même passion chez les auteurs Afrikanners, comme Brink, Breytenbach…, qui dans leurs récits donnent à cette terre une essence quasi spirituelle. La racine de leur histoire. Pourtant elle aussi venue d’ailleurs.

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Entre les montagnes bleues, les immenses vergers, abricotiers, pêcher, prunier, gagnés sur les plaines arides du bush. De grandes propriétés, imposantes comme des latifundias sud-américaine, sur lesquelles vivent fréquemment les ouvriers agricoles dans des villages de petites maison d’adobe, qui le plus souvent appartiennent encore au propriétaire terrien.
On y nait, on y travaille. On y vit. Difficile de réorganiser sans rien casser, l’héritage d’un tel passé.

Dans ce petit bourg, ces femmes rencontrées qui m’offrent ce regard de défi, comme pour me dire qu’elle savent ce que je suis venu chercher, de très loin, aussi ce regard de résistance. Elles ont sans doute long à raconter. On se dit les choses en silence. Je les appelle les Guerrières, elles me font penser à des Navajos.Image

Dans la même rue, principale, main street, cette famille qui vit juste en face de l’épicerie.

Les temps sont si déréglés pour eux en ce moment qu’il leur est moins inquiètant de se brancher sur le monde que de traverser la rue. Une autre forme de résistance. Sortir, ou plutôt l’idée de sortir, dans leur propre rue leur parait maintenant bien trop hasardeux. Alors bien sur ils profitent aussi du passage d’un voyageur comme moi, chaleureusement accueilli dans leur bed&breakfast , pour se raconter. Se justifier souvent.

8. Allo le monde, résistons.

Barrydale, Little Karoo.

Je pointe au hasard des étapes sur la carte. Des petits bourgs aux noms presque encore des prénoms, Barrydale, Ladismith, ou qui parlent d’eau, Matjesrivier, Warmwaterberg…
Les routes passent des cols âpres, parfois vertigineux, et déboulent sur des plaines immenses, bordées de montagnes bleues.
Ces paysages sont violents, puissants. On s’y sent fragile, en même temps relié à la terre.

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Je ressens mieux comment toutes ces communautés, toutes venues d’ailleurs puisque les seuls natifs ont été balayés dès les premiers temps de la colonisation, ont pu s’y sentir si vulnérables et pourtant inexorablement attachées. Ici, tout le monde est venu d’ailleurs, et pourtant on éprouve la sensation d’une peinture millénaire.
J’ai retrouvé ces émotions en lisant Mandela, qui raconte avoir traversé seul en voiture, clandestinement, le pays de Soweto au Cap, et d’avoir ressenti l’exaltation de l’appartenance à cette terre, à sa puissance et à sa beauté, en osmose avec elle. Inévitablement, en danger, seul au volant d’une voiture, noir, il savait que dans peu de temps, il risquait fort d’être interdit de cette contemplation . Même passion chez les auteurs Afrikanners, comme Brink, Breytenbach…, qui dans leurs récits donnent à cette terre une essence quasi spirituelle. La racine de leur histoire. Pourtant elle aussi venue d’ailleurs.

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Entre les montagnes bleues, les immenses vergers, abricotiers, pêcher, prunier, gagnés sur les plaines arides du bush. De grandes propriétés, imposantes comme des latifundias sud-américaine, sur lesquelles vivent fréquemment les ouvriers agricoles dans des villages de petites maison d’adobe, qui le plus souvent appartiennent encore au propriétaire terrien.
On y nait, on y travaille. On y vit. Difficile de réorganiser sans rien casser, l’héritage d’un tel passé.

Dans ce petit bourg, ces femmes rencontrées qui m’offrent ce regard de défi, comme pour me dire qu’elle savent ce que je suis venu chercher, de très loin, aussi ce regard de résistance. Elles ont sans doute long à raconter. On se dit les choses en silence. Je les appelle les Guerrières, elles me font penser à des Navajos.Image

Dans la même rue, principale, main street, cette famille qui vit juste en face de l’épicerie.

Les temps sont si déréglés pour eux en ce moment qu’il leur est moins inquiètant de se brancher sur le monde que de traverser la rue. Une autre forme de résistance. Sortir, ou plutôt l’idée de sortir, dans leur propre rue leur parait maintenant bien trop hasardeux. Alors bien sur ils profitent aussi du passage d’un voyageur comme moi, chaleureusement accueilli dans leur bed&breakfast , pour se raconter. Se justifier souvent.