Chapoullié Blog

Le livre qui ne voulait pas s'effacer

8. Allo le monde, résistons.

Barrydale, Little Karoo.

Je pointe au hasard des étapes sur la carte. Des petits bourgs aux noms presque encore des prénoms, Barrydale, Ladismith, ou qui parlent d’eau, Matjesrivier, Warmwaterberg…
Les routes passent des cols âpres, parfois vertigineux, et déboulent sur des plaines immenses, bordées de montagnes bleues.
Ces paysages sont violents, puissants. On s’y sent fragile, en même temps relié à la terre.

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Je ressens mieux comment toutes ces communautés, toutes venues d’ailleurs puisque les seuls natifs ont été balayés dès les premiers temps de la colonisation, ont pu s’y sentir si vulnérables et pourtant inexorablement attachées. Ici, tout le monde est venu d’ailleurs, et pourtant on éprouve la sensation d’une peinture millénaire.
J’ai retrouvé ces émotions en lisant Mandela, qui raconte avoir traversé seul en voiture, clandestinement, le pays de Soweto au Cap, et d’avoir ressenti l’exaltation de l’appartenance à cette terre, à sa puissance et à sa beauté, en osmose avec elle. Inévitablement, en danger, seul au volant d’une voiture, noir, il savait que dans peu de temps, il risquait fort d’être interdit de cette contemplation . Même passion chez les auteurs Afrikanners, comme Brink, Breytenbach…, qui dans leurs récits donnent à cette terre une essence quasi spirituelle. La racine de leur histoire. Pourtant elle aussi venue d’ailleurs.

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Entre les montagnes bleues, les immenses vergers, abricotiers, pêcher, prunier, gagnés sur les plaines arides du bush. De grandes propriétés, imposantes comme des latifundias sud-américaine, sur lesquelles vivent fréquemment les ouvriers agricoles dans des villages de petites maison d’adobe, qui le plus souvent appartiennent encore au propriétaire terrien.
On y nait, on y travaille. On y vit. Difficile de réorganiser sans rien casser, l’héritage d’un tel passé.

Dans ce petit bourg, ces femmes rencontrées qui m’offrent ce regard de défi, comme pour me dire qu’elle savent ce que je suis venu chercher, de très loin, aussi ce regard de résistance. Elles ont sans doute long à raconter. On se dit les choses en silence. Je les appelle les Guerrières, elles me font penser à des Navajos.Image

Dans la même rue, principale, main street, cette famille qui vit juste en face de l’épicerie.

Les temps sont si déréglés pour eux en ce moment qu’il leur est moins inquiètant de se brancher sur le monde que de traverser la rue. Une autre forme de résistance. Sortir, ou plutôt l’idée de sortir, dans leur propre rue leur parait maintenant bien trop hasardeux. Alors bien sur ils profitent aussi du passage d’un voyageur comme moi, chaleureusement accueilli dans leur bed&breakfast , pour se raconter. Se justifier souvent.

8. Allo le monde, résistons.

Barrydale, Little Karoo.

Je pointe au hasard des étapes sur la carte. Des petits bourgs aux noms presque encore des prénoms, Barrydale, Ladismith, ou qui parlent d’eau, Matjesrivier, Warmwaterberg…
Les routes passent des cols âpres, parfois vertigineux, et déboulent sur des plaines immenses, bordées de montagnes bleues.
Ces paysages sont violents, puissants. On s’y sent fragile, en même temps relié à la terre.

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Je ressens mieux comment toutes ces communautés, toutes venues d’ailleurs puisque les seuls natifs ont été balayés dès les premiers temps de la colonisation, ont pu s’y sentir si vulnérables et pourtant inexorablement attachées. Ici, tout le monde est venu d’ailleurs, et pourtant on éprouve la sensation d’une peinture millénaire.
J’ai retrouvé ces émotions en lisant Mandela, qui raconte avoir traversé seul en voiture, clandestinement, le pays de Soweto au Cap, et d’avoir ressenti l’exaltation de l’appartenance à cette terre, à sa puissance et à sa beauté, en osmose avec elle. Inévitablement, en danger, seul au volant d’une voiture, noir, il savait que dans peu de temps, il risquait fort d’être interdit de cette contemplation . Même passion chez les auteurs Afrikanners, comme Brink, Breytenbach…, qui dans leurs récits donnent à cette terre une essence quasi spirituelle. La racine de leur histoire. Pourtant elle aussi venue d’ailleurs.

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Entre les montagnes bleues, les immenses vergers, abricotiers, pêcher, prunier, gagnés sur les plaines arides du bush. De grandes propriétés, imposantes comme des latifundias sud-américaine, sur lesquelles vivent fréquemment les ouvriers agricoles dans des villages de petites maison d’adobe, qui le plus souvent appartiennent encore au propriétaire terrien.
On y nait, on y travaille. On y vit. Difficile de réorganiser sans rien casser, l’héritage d’un tel passé.

Dans ce petit bourg, ces femmes rencontrées qui m’offrent ce regard de défi, comme pour me dire qu’elle savent ce que je suis venu chercher, de très loin, aussi ce regard de résistance. Elles ont sans doute long à raconter. On se dit les choses en silence. Je les appelle les Guerrières, elles me font penser à des Navajos.Image

Dans la même rue, principale, main street, cette famille qui vit juste en face de l’épicerie.

Les temps sont si déréglés pour eux en ce moment qu’il leur est moins inquiètant de se brancher sur le monde que de traverser la rue. Une autre forme de résistance. Sortir, ou plutôt l’idée de sortir, dans leur propre rue leur parait maintenant bien trop hasardeux. Alors bien sur ils profitent aussi du passage d’un voyageur comme moi, chaleureusement accueilli dans leur bed&breakfast , pour se raconter. Se justifier souvent.

L’Aube

L’an 2000

Début 1999, Jean-Louis Dumas, patron d’Hermès, me fait venir dans son bureau du dernier étage de la rue du Faubourg St Honoré. Comme d’habitude il est en retard, très en retard, le rendez-vous précédent n’en finit pas, alors j’attend dans son antichambre, comme à chaque fois. Passionné par chaque sujet, entier, chaque rencontre est l’occasion pour lui de refaire le monde, jamais le temps n’est compté.

C’était ça, Jean-Louis Dumas, la passion, la générosité, et la curiosité pour tous, enraciné dans cet attachement natif à la perfection, un vrai patron des Lumières.

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Chaque année, un thème nouveau irrigue les créations à venir de la maison, cette fois-ci, pour l’an 2000 qui s’approche, c’est l’Aube, le commencement, dont il veut me parler.

Le voila qui surgit, bondit comme un diablotin de son bureau, me prend dans ses bras chaleureusement en  forme d’excuse et m’emmène, m’emporte sans me lâcher le coude, en vrai comploteur

Ce que je ne savais pas, c’est que ce rendez-vous m’amènerait jusqu’à New-York, 5 ème avenue.

Mais ça, vous le saurez la prochaine fois, au prochain post …

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 Danse, Décodex, PARIS, DCA/Découflé

1997

A fond

Vrarrraaaaaouuuuuuuuummmm

Il est juste parfait, énorme, décidé, incroyable, une oeuvre à lui tout seul, une détermination, un acharnement, un logo, une rage, une image parfaite, fumante, à 100 à l’heure.

A fond

Inde. Kerala 2011.

X

Même si je l’avais voulu, jamais je n’aurais été capable de l’imaginer aussi parfaite.

A croire qu’elle, elle le devine, tout ce qu’elle m’offre à photographier à cet instant  : un concentré de l’imagerie de la lutte pour les Droits Civiques du Sud profond et son pas de danse photographique de défi amusé. Comme une icône. Elle a compris en un instant, tout ce qui se disait ici, avec elle au millieu de ce décor. Pourtant elle ne savait pas ce matin en passant son tee-shirt de Malcom, qu’elle allait croiser la route d’un visiteur overseas, dans les rues de Clarcksdale, Mississippi, le  carrefour mythique ou le diable se mêla à l’histoire du blues. On ne savait pas non plus qu’on allait se croiser devant un temple baptiste, ni que la voiture serait la. On est en 1994, pourtant comme seule l’Amérique sait faire, on pourrait se croire être en 1960, il suffit d’apercevoir le panneau qui invite a pénétrer dans la chapelle, et on pense à Martin Luther King. La voiture, elle aussi une icône, mais celle-ci du monde blanc échouée là ; tout est blanc, tout est noir, elle prend la pose, fière de son X, elle à raison, et moi je suis ému et reconnaissant de ce qu’elle me donne, et de sa fierté.

Elle devine que je viens de loin, alors, que peut-être j’ai plus de chance de comprendre. Il n’y avait pas encore de Barack, elle n’aurait osé l’imaginer. Sans doute est-il sur les tee-shirts de Clarcksdale maintenant.

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C’était à Hazelhurst, j’ai toujours gardé un souvenir attendri de ce nom. Une minuscule ville poussiéreuse, traversée par le milieu par la voie ferrée, Main street aux voitures garées en épi, comme on garait les chevaux, devant les boutiques vieillottes ou dorment encore des robes des années 50; la ville fantôme du Far West.

Mais aussi en souvenir de ce couple, ce moment, ces quelques heures que j’ai passé avec eux. C’était dans un motel. Dans une minuscule ville poussiéreuse, traversée par le milieu par la voie ferrée. la ville fantôme du Far West. Une agitation anormale pour ces lieux de passage, des enfants criant dans la piscine au milieu du parking, et je comprends en voyant les costumes, qu’une partie des clients ne sont pas des voyageurs  juste descendus de leur 4×4 pour une nuit, mais les convives d’un mariage. Un mariage d’américains, mais qui dansent comme des africains…. mais ça ils ne le savent pas ! Je ne sais pas qui de nous, a été le plus intimidé au moment de cette photo, eux ou moi, mais je sais que j’avais bien envie que ce soit un mariage heureux.

Mississippi 1994

Toons jaune

Je décide de révéler l’inachevé, incompris dans notre relation au réel en tant qu’attitude éveillée, dans cette série d’opposition qui est constitutive de notre regard collectif. En tant qu’artiste j’ai le devoir ici, d’intensifier le « regarder ». Ce qui est ici paradoxal, car à la naissance de l’acte, qui est déjà joué, il y a la naissance de la forme. Cette transfiguration existe en soi, mais est ici fondamentalement fixée.

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Bon allez, pas de commissaires, ni de curateurs dans le coin : le Toons parle mais ne pose pas, ne frétille pas bas, ne se perruque pas. Le Toons bondit, fulmine, caresse, rigole, éclate, luit, décore, illumine, amuse.

7. La Route

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Roads.
La route comme passer au travers d’une icône.

South Africa. 1999

Les Grâces

L’an 2000.

A l’école des Beaux-Arts, la bien-nommée, Paris, les défilés Haute-Couture.

Coulisses plus que backstage, théâtre bien plus que show, chez Christian Lacroix flotte toujours cette étrange et entêtante atmosphère de cour royale décalée et radieuse. On a le sentiment qu’il ne cherche jamais à plaire aux pages des magazines mais bien de s’inviter dans nos songes. Les filles qui vont défiler en deviennent timides et ondoyantes, étonnées, au premier bal, en se découvrant ainsi.

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On se sent toujours intimidé à s’immiscer dans ces rituels éphémères, un peu déplacé, mais finalement précieux, car quelques instants après, tout sera effacé, coiffures, maquillages, excitations, transe, rêveries, attente, passion, ravissement…. reste les images.

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Chez Jean-Paul Gaultier, comme d’habitude, tout est fin et cultivé, aigu et lettré, vif.

C’est un érudit, un chasseur de signes, un chansonnier du vêtement, de la dégaine.

Défilés Haute couture, l’an 2000. Pour Libération.

Istanbul

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Beyoglu, Marmara, Karakoy, Galata, Bosphore, Topkapi, Kurtulus, Kasimpasa, Sainte-Sophie, la Corne d’Or, la Pointe du Sérail, Kulaksiz, Beyazit, Eyüp, Galatasaray, Sultanahmet, Dolmabahçe, la Mosquée Bleue, Süleyman le Magnifique, les îles des Princes, la Porte du Milieu, le Grand Bazar, la Quatrième cour, la Source Froide, Eminönü, la Sublime Porte, Constantinople, Byzance;

Skyline de mots, de mers, de minarets.

Istanbul.

Avril 2013.

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