De l’Équateur en vue
La Croix et l’Équateur depuis son sextant d’Atlantique
La Croix et l’Équateur depuis son sextant d’Atlantique
A la recherche des éléphants sur la piste de l’Umfolozi, il ne faut pas sortir de la voiture, jamais. Mais comment résister et comment ne pas s’approcher dans les fourrés pour lui tirer le portrait avec un vieux Polaroïd 195 à soufflet ? Un vrai portrait au 40mm.
Alors je l’ai fait, quitter la voiture et la piste, même de quelques mètres c’est très imprudent, et j’ai eu de la chance.
Après qu’il se soit laissé photographier paisiblement, je rembarque tout excité bien seul dans la savane avec mes deux négatifs tout frais dans la poche. Mais voila qu’à ce moment il décide de me donner une leçon. Sans me laisser le temps de faire demi-tour, il me rejoint sur la piste, se met face à la voiture, frappe le sol de ses pattes de devant, secoue les oreilles, baisse la trogne. Je comprends le message, pas le temps de faire demi-tour, je fonce en marche arrière, il se met en branle et me galope droit dessus; la voiture zigzague, je la contrôle à peine, le son aigu caractéristique de la marche arrière à pleine force, il se rapproche, je commence à me dire que cette fois-ci ma Bonne Fée m’a abandonnée, je m’imagine le pire, la tôle froissée, voiture renversée, et moi… et puis, il ralentit, satisfait sans doute d’avoir chassé ce petit gêneur qui a dérangé son déjeuner et subitement s’engouffre à droite, dans la savane.
Ai-je compris la leçon, me connaissant…? En tout cas il m’a offert un beau portrait. Merci Grand Solitaire.
Sur les routes de Mother India, klaxonnés, bousculés, essorés, émerveillés, remués, jusqu’aux matins du monde.
Comme dans un songe.
மதர் இந்தியா சாலைகள் ஆச்சரியமாக.
On the roads of Mother India, honked, rushed, drained, amazed, stirred, until the morning of the
world.
На дорогах Матери Индии, сигналят, толкаются, поражаются, удивляются в каждое утро Мира…
Inde. Tamil-Nadu 2013-2014.
Southside Station, Southside Chic, Southside Blues, spider in my web, baby, I’m waiting, sitting alone with my guitare, I’m gonna change this life, babe, je suis venu de si loin, j’entends encore les battements des boogies, les riffs plânant par dessus toutes ces maisons abandonnées, oh babe, comment cela peut-il être possible si près de la grande ville, Muddy se promenait par-là, âme en peine, électrique, I’m going home. To Chicago. Oh babe, pourquoi tout le monde est-il parti ?
I’m back.
Chicago. 2009
Des musées, du Gothic au South Side de en passant par Barack.
Je me rappelle de ma première visite South Side en 1994, à la recherche de la maison de Muddy Waters, South Side, le quartier craint, la litanie des assassinats qu’on aime tant réciter à l’étranger pour mieux s’effrayer avec lui, les maisons abandonnées comme dans les villes fantômes du Far West, Far South Side, si loin de downtown, la maison de Muddy écroulée, la vie comme de la peur. Il n’y avait plus de Blues que les façades murées.
Je me rappelle, toujours en 94, de la fierté d’appartenir à une communauté respectée, sensation si rarement croisée dans le Sud, des familles noires visitant le Lorraine Motel à Memphis où Martin Luther King à été assassiné, motel depuis transformé en musée des Droits Civiques.
Je me rappelle de ce silence de cathédrale, des beaux habits de chacun, de la dévotion et l’émotion régnant dans chaque salle du musée, jusque dans le jardin, où chacun se photographiait devant la façade.
J’ai retrouvé cette sensation de fierté partagée dans le South Side de 2009, après l’élection d’Obama.
Il y avait résolument plus de joie et de légèreté dans les rues, et même si beaucoup de maisons étaient toujours murées, vidées, les chaussées défoncées, on ne ressentait plus la peur poisse. On ressentait l’espoir, même une certaine légèreté.
Je me rappelle de ce commerçant Palestinien m’offrant gaiement le badge d’Obama 44e, dans son bazar ou les icônes des héros de la lutte des Droits Civiques, côtoyaient les chaînes hifi, les lampes de salon, les objets ménagers, les fleurs en plastiques.
Je me rappelle qu’il prédisait qu’il allait enfin sans doute pouvoir bientôt rentrer chez lui, au moins pour des vacances….
Aujourd’hui, quand je vois Barack descendre, souverain, les marches de son Air Force One, totalement sous contrôle, apparence impeccable, gestes impériaux, le ciel bleu et l’avion parfaitement coordonnés, une sorte de prompteur de paysage, ce moment du badge offert me revient à chaque fois.
J’ai toujours le badge. Mais dans un tiroir.
Walk on the bridge. Dancing day et night cabs. Boogie-woogie, tambours métalliques de rames, caisses claires d’aluminium, congas de ferrite, pistons de rivets, maracas de rouille, tremblements de croix de ferraille, écho des montagnes d’acier. Ride my guitar over the bridge.
Boom, boom, boom…
Walk, walk, walk…
Talk talk talk…
And talk that talk
And walk that walk
Walk the walk, baby
And talk that talk
Hmm, hmm, hmm, hoo, hoo, hoo
Hook, Hook, Hook, John, John, John Lee c’est toi qui m’a ouvert les bras du Blues, Hooker sous ton chapeau, les semelles de tes chaussures vernies battent le boogie des roues d’acier.
Depuis, dans les bars de Chic, la bière continuent de couler, mais plutôt sagement dorénavant, bizarrement les guitares de s’accrocher aux murs, mais les riffs de tes neveux, enfants, frères, soeurs, amis, partisans … de continuer à pulser.
Boogie-woogie, man.
Always, always, always.
Boom, boom, boom.
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( Ici, derrière sa 335, The Kinsey Report, au Buddy Guy’s Legends . 2009.)
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Roll over Muddy, roll over Orbert dans la ville minérale, jazz granitique, la légende des skyscrapers, plus haut que les cathédrales, cradle of electric power.
La mère des villes d’acier et de blues.
Chicago. 2009. Blues. Jazz. Orbert Davis.
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