Je vole, ils voguent, il marche
Nous avons toujours à aller quelque part
de maison à maisons, de village en villages, de route en routes
depuis toujours
Nous avons toujours à aller quelque part
de maison à maisons, de village en villages, de route en routes
depuis toujours
A la recherche des éléphants sur la piste de l’Umfolozi, il ne faut pas sortir de la voiture, jamais. Mais comment résister et comment ne pas s’approcher dans les fourrés pour lui tirer le portrait avec un vieux Polaroïd 195 à soufflet ? Un vrai portrait au 40mm.
Alors je l’ai fait, quitter la voiture et la piste, même de quelques mètres c’est très imprudent, et j’ai eu de la chance.
Après qu’il se soit laissé photographier paisiblement, je rembarque tout excité bien seul dans la savane avec mes deux négatifs tout frais dans la poche. Mais voila qu’à ce moment il décide de me donner une leçon. Sans me laisser le temps de faire demi-tour, il me rejoint sur la piste, se met face à la voiture, frappe le sol de ses pattes de devant, secoue les oreilles, baisse la trogne. Je comprends le message, pas le temps de faire demi-tour, je fonce en marche arrière, il se met en branle et me galope droit dessus; la voiture zigzague, je la contrôle à peine, le son aigu caractéristique de la marche arrière à pleine force, il se rapproche, je commence à me dire que cette fois-ci ma Bonne Fée m’a abandonnée, je m’imagine le pire, la tôle froissée, voiture renversée, et moi… et puis, il ralentit, satisfait sans doute d’avoir chassé ce petit gêneur qui a dérangé son déjeuner et subitement s’engouffre à droite, dans la savane.
Ai-je compris la leçon, me connaissant…? En tout cas il m’a offert un beau portrait. Merci Grand Solitaire.
Un petit berger, au détour d’un virage, sur les hauteurs du Transkeï, dorénavant Eastern Cape, pas si loin de Qunu, le village où Nelson Mandela a passé sa petite enfance et ou il reposera.
On était seul l’un comme l’autre, lui dans la forêt avec son chien et son troupeau, moi plutôt perdu sur cette piste très boueuse, pour basculer vers le Natal. On est reparti avec chacun notre photo.
Le petit berger. 1999. Transkeï.
Une autre rencontre, de celle qui intimide, sur une petite route, un peu perdu à nouveau mais cette fois à la recherche de l’Océan Indien, que j’espère en quittant les montagnes de l’Eastern Cape. Au passage d’un gué, je croise une écolière rentrant de l’école en flânant et son regard perçant, s’il en est.
Quand je rentrais de l’école, ce n’était pas mes pieds nus que je laissais traîner dans l’eau, mais mes petites voitures que je faisais courir sur les murs.
De l’école, de la solitude et de la nature. De l’immortalité de la rencontre photographique.
Nous sommes repartis chacun avec notre photo.
La fille du gué. 1999. Cap-Oriental, à l’approche de Ports Saint-John
Un autre genre de lutteur.
1999. Nkangala liquor, Kwazulu Natal
All You Need is Love,
et la naissance du monde.
Aube. Afrique du Sud 2000.
L’an 2000
Début 1999, Jean-Louis Dumas, patron d’Hermès, me fait venir dans son bureau du dernier étage de la rue du Faubourg St Honoré. Comme d’habitude il est en retard, très en retard, le rendez-vous précédent n’en finit pas, alors j’attend dans son antichambre, comme à chaque fois. Passionné par chaque sujet, entier, chaque rencontre est l’occasion pour lui de refaire le monde, jamais le temps n’est compté.
C’était ça, Jean-Louis Dumas, la passion, la générosité, et la curiosité pour tous, enraciné dans cet attachement natif à la perfection, un vrai patron des Lumières.
Chaque année, un thème nouveau irrigue les créations à venir de la maison, cette fois-ci, pour l’an 2000 qui s’approche, c’est l’Aube, le commencement, dont il veut me parler.
Le voila qui surgit, bondit comme un diablotin de son bureau, me prend dans ses bras chaleureusement en forme d’excuse et m’emmène, m’emporte sans me lâcher le coude, en vrai comploteur
Ce que je ne savais pas, c’est que ce rendez-vous m’amènerait jusqu’à New-York, 5 ème avenue.
Mais ça, vous le saurez la prochaine fois, au prochain post …