Les Grâces
by Denis Chapoullié
L’an 2000.
A l’école des Beaux-Arts, la bien-nommée, Paris, les défilés Haute-Couture.
Coulisses plus que backstage, théâtre bien plus que show, chez Christian Lacroix flotte toujours cette étrange et entêtante atmosphère de cour royale décalée et radieuse. On a le sentiment qu’il ne cherche jamais à plaire aux pages des magazines mais bien de s’inviter dans nos songes. Les filles qui vont défiler en deviennent timides et ondoyantes, étonnées, au premier bal, en se découvrant ainsi.
On se sent toujours intimidé à s’immiscer dans ces rituels éphémères, un peu déplacé, mais finalement précieux, car quelques instants après, tout sera effacé, coiffures, maquillages, excitations, transe, rêveries, attente, passion, ravissement…. reste les images.
Chez Jean-Paul Gaultier, comme d’habitude, tout est fin et cultivé, aigu et lettré, vif.
C’est un érudit, un chasseur de signes, un chansonnier du vêtement, de la dégaine.
Défilés Haute couture, l’an 2000. Pour Libération.